Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/883

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la compagnie, ne voulant rien dire d’avantage, s’assit, non pas toutesfois sans regarder d’un œil sousriant Silvandre qui estoit tout esmeu des discours qu’elle avoit tenus contre luy, et qui toutesfois, dissimulant le mieux qu’il pouvoit, et ayant receu le commandement de parler, s’en alla mettre à genoux devant Diane, où posant son chappeau de fleurs à ses pieds, s’en revint en sa place, et sans se r’asseoir, apres avoir quelque temps tenu les yeux sur toute la troupe, il commença à parler de cette sorte.

Response du berger Silvandre.

Si je n’estois devant le temple d’Astrée, et que ceux qui nous en ont donné la cognoissance nous ont faict entendre estre la déesse de la justice, et si j’avois un moindre juge que Diane, non seulement compagne, mais la plus chere et plus particuliere amie d’une autre Astrée, j’aurois tres-grande occasion de craindre la perte de cette cause, et d’en redouter le prochain jugement, non pas tant pour les paroles si bien fardées de cette bergere, ny pour toutes les raisons desguisées qu’elle a voulu rapporter contre moy, quoy qu’avec une