Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/935

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me les voyez sur la teste, de quelle autre main les ay-je que de celle de qui toutes mes esperances veulent dependre. L'ordonnance de Diane ne porte-t'elle pas que je reprendray ce chapeau de fleurs de ses mains ? et cela, qu'est-ce à dire sinon ESPERE ? - Mais toutesfois, reprit Stelle, vous les avez eues, ces fleurs et ces esperances, du sage Adamas. - Ny cela aussi, respondit le berger, n'a pas esté sans un grand mystere, car peut-estre Tautates veut que je sçache que le commencement de toutes mes esperances doit prendre origine du sage Adamas.

Les disputes de ces bergers et bergeres eussent continué d'advantage, n'eust esté qu'en mesme temps ils arriverent dans le grand Pré, où les jeux et les exercices de ces jeunes bergers avoient accoustumé de se faire. Et desjà ils s'y estoient assemblez de toutes parts, et avoient preparé toutes les choses necessaires, lors que voyant de loing le grand druide et toute la troupe, ils s'en vindrent à sa rencontre, la teste, parée de fleurs, et chantans et sautans pour monstrer le contentement qu'ils avoient de le voir parmy eux. Les premieres salutations faictes, l'on proposa le prix pour la course, pour la lutte, pour le sault et pour jetter la barre. De la premiere Silvandre emporta le prix; de la luite, Lycidas ; du sauter, Hylas ; de la barre, Hermante, qui estoit ce berger de Camargues, venu avec Alcidon et Daphnide. Quant à Silvandre, chacun sans difficulté luy donnoit la victoire