Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/946

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chemin qu'elle veut prendre. - Et qu'est-ce, reprit Alexis, qu'elle se resoult de faire ? - Je voy bien, respondit Astrée, qu'elle est bien empeschée, car elle n'a pas faute de jugement pour cognoistre qu'en luy disant toutes ces choses, je luy representois bien la verité ; mais cette bonne opinion que ses propres merites luy ont fait justement concevoir d'elle-mesme, l'empesche de consentir à la recherche de Silvandre, et la fait resoudre de recourre aux extremitez des severes deffenses que nous avons accoustumé de faire quand une recherche nous desplaist. - Je ne serois pas de ceste opinion, dit froidement Alexis, et si elle le fait, elle s'en repentira car Silvandre; l'aymant, ne s'en divertira pas pour cela, et il en adviendra ce que vous avez dit, qui les rendra la fable de toute la contrée. Mais il vaudroit mieux qu'elle se resolust à une de ces deux choses : ou à luy laisser continuer sa recherche sous le voile de la feinte, et de cela on en trouve assez d'excuses ; ou bien, à la luy permettre secrettement, ainsi que la prudence et du berger et de la bergere scaura bien sagement dissimuler. Car, je vous advoue, belle bergere, que les vertus de Diane, et les merites de Silvandre me font desirer qu'ils puissent vivre contents, encore que tout cecy soit au desadvantage de Paris mon frere, que je sçay bien qu'il aime, mais il vaut beaucoup mieux qu'un seul n'obtienne pas ce qu'il desire, que si en l'obtenant