Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/986

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donnée avec suject, je crains que cet artifice ne soit descouvert. Et vous sçavez, madame, que si on recognoist en quelqu'un de l'artifice, on explique aprés toutes ses actions tendre à ce qu'il a voulu couvrir par cette ruse. - Ne vous en mettez point en peine, respondit Phillis, Silvandre mesme nous donnera assez de suject pour bien couvrir cette permission, et il semble que veritablement le Ciel appreuve cette deliberation, parce que hyer sans dessein il fit naistre la meilleure occasion que nous eussions peu inventer. Car Diane me dit le soir, lors qu'elle se vouloit retirer, que Silvandre ayant obtenu, je croy, par l'ordonnance de la nymphe Leonide, ou d'Astrée, de pouvoir continuer tout le reste du jour la feinte recherche qu'il avoit commencée, il pretendoit que cette permission fust pour tousjours, et qu'elle et luy estoient tombez d'accord de s'en remettre à ce qu'Astrée et moy en jugerions, ce qui devoit estre faict dés le soir mesme. Mais d'autant que Diane ne vouloit pas que cette dispute se fist devant tous, et que vous, madame et Leonide, estiez dedans la chambre, le different fut remis à une autre fois, et Silvandre, en m'accompagnant en ma cabane, m'a raconté qu'il estoit bien aise que quelque chose en eust empesché Diane, parce qu'il vouloit bien le prolonger tant qu'il luy seroit possible, d'autant qu'il ne laissoit pas cependant de jouyr de son privilege. Il ne faut donc que reprendre ces mesmes