Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/987

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erres, et au lieu que vous voulez, ma sœur, que cette action se fasse en particulier, je suis d'opinion qu'au contraire ce soit en lieu où tous le puissent sçavoir, afin que chacun, voyant que Silvandre continue, chacun sçache aussi que ce n'est qu'en continuation de la feinte commencée.

Alexis et Astrée appreuverent grandement ce que Phillis avoit dit, et Diane qui, peut-estre, le trouvoit aussi à propos que pas une d'elles, et qui jusques alors estoit demeurée sans parler, feignit de se laisser vaincre aux raisons d'Alexis, et au conseil de ses deux plus cheres amies. Et ainsi il fut resolu que l'on feroit venir ce different à propos, sans qu'il semblast que ce fust à dessein, lors qu'Adamas, Alcidon, et Daphnide y seroient, et que le plus briefvement qu'il seroit possible, Astrée et Phillis jugeroient à l'advantage de Silvandre.

De fortune Silvandre ayant ouy le murmure de la voix de ces belles bergeres auprés de luy, et tournant les yeux, les vit assises sur des aix qui estoient mis exprez de tant en tant entre les arbres pour la commodité de ceux qui se promenoient, parce que durant leurs discours elles s'y estoient allées mettre, et voyant que par hazard elles avoient le dos tourné contre luy, suivant la curiosité qui accompagne ordinairement ceux qui ayment, il s'approcha le plus prez d'elles qu'il peut sans estre veu, et puis se