Page:Uzanne - Contes pour les bibliophiles, 1895.djvu/127

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Pendant que les derniers des fusiliers dormaient au bivac, sauf naturellement ceux qui se trouvaient de garde, moi, leur Empereur, je trimais avec Berthier !…

13 octobre. — Encore une journée de travail ! Les corps d’armée, pivotant sur l’aile gauche, avancent et se développent sur la droite. Ordres sur ordres. L’artillerie, les parcs, les ambulances, l’intendance… Quel tracas !

Je n’ai pas perdu ma journée. Ce matin, avec la comtesse, j’ai fait réunir les anciens du village et j’ai annoncé à ces braves gens que leur châtelaine m’ayant fait connaître et apprécier toutes leurs bonnes qualités, j’avais l’intention d’assurer le bonheur de la population entière du village, qu’en conséquence je faisais remise de tous les termes de contributions non payés et que je les exemptais à tout jamais, eux et les générations futures, des impôts et gabelles, etc. et que j’en faisais mon affaire avec le roi de Prusse, qui bientôt n’aurait rien à me refuser.

Voilà mes gens qui me regardent ébahis. Je continue : Et que, de plus, désirant laisser dans leurs cœurs un doux souvenir de mon passage, je fondais un certain nombre de prix de vertu pour les jeunes gens, pour la jeune fille qui se sera signalée entre toutes par les plus douces qualités, pour les ménages vertueux et pour les vieillards !… etc., etc.

Toute cette aimable population accueillit mes paroles avec transport ;