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Page:Uzanne - Contes pour les bibliophiles, 1895.djvu/147

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Arthur Blackcross, peintre et critique d’art mystique, ésotérique et symboliste, esprit très délicat et fondateur de la déjà célèbre École des Esthètes de demain, fut sollicité de nous exprimer ce qu’il pensait devoir advenir de la peinture d’ici un siècle et plus. Je crois pouvoir résumer exactement son petit discours dans les quelques lignes qui suivent :

« Ce que nous appelons l’Art moderne est-il vraiment un art, et le nombre d’artistes sans vocation qui l’exercent médiocrement avec apparence de talent ne démontre-t-il pas suffisamment qu’il est plutôt un métier où l’âme créatrice fait défaut ainsi que la vision ? — Peut-on donner le nom d’œuvres d’art aux cinq-sixièmes des tableaux et statues qui encombrent nos salons annuels, et compte-t-on vraiment beaucoup de peintres ou de statuaires qui soient des créateurs originaux ?

« Nous ne voyons que des copies de toute sorte : copies des vieux maîtres accommodés au goût moderne, reconstitutions toujours fausses