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Page:Uzanne - Contes pour les bibliophiles, 1895.djvu/213

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LES ESTRENNES
DU POÈTE SCARRON


Lette à Mme la Baronne de X***


Saint-Louis en l’Isle,
Paris,
Paris, Ier janvier 1876.



La délicieuse soirée que nous passâmes le premier jour de l’an dernier ! cela nous vieillit bien un peu ; mais vous en souvenez-vous, chère petite Baronne ?

C’était sur le soir, vous étiez seule dans votre grand salon Louis XV, — seule devant un bon feu, — seule sur une causeuse.

Lorsque je parus, Dieu sait ou voltigeaient vos rêves ; votre petit écran japonais d’une main, un livre entrouvert de l’autre, vous étiez affaissée dans la morne contemplation de l’âtre, perdue en plein rêve, et c’est à peine si la voix de la soubrette qui m’annonça vous fit tourner doucement la tête de mon côté.