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Page:Uzanne - Contes pour les bibliophiles, 1895.djvu/251

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Lorsqu’une troupe d’éléphants se présente, le cavalier le plus habile choisit celui dont les défenses sont le plus formidables et engage le combat à l’avant, tandis que le second cavalier poursuit le pachyderme par derrière, La lourde bête s’élance sur le cheval, et le chasseur doit être assez adroit, assez fort, assez souple et rusé pour mettre pied à terre en plein galop avant que son coursier ne soit atteint et pour plonger d’un coup sûr et violent le fer de la lance dans l’abdomen de l’éléphant, puis il lui faut rattraper son cheval et remonter en selle avec une désinvolture que n’auraient pas beaucoup d’écuyers de cirque. Pour que l’éléphant soit hors de combat, il est nécessaire que sa blessure ait été faite assez large pour que ses entrailles s’échappent aussitôt et paralysent sa marche. Vous jugez de la difficulté d’un tel tournoi.

Le premier coup d’essai fut pour Robert un coup de maître : il mit cruellement à mort deux de ces innocents colosses si doux et si intelligents. Il se jugeait donc invincible.

Quelques jours après, il repartait en guerre, laissant sa jeune femme à l’arrière, sous bonne escorte. Accompagné d’un seul Arabe, il rencontra une bande de pachydermes, parmi lesquels il distingua un énorme mammouth qu’il attaqua aussitôt. L’animal s’échappa, il le poursuivit. Abandonné par son compagnon et sautant sur le sol, il s’apprêtait à larder sa victime d’un coup frappé dans les règles prescrites, quand il eut le col saisi par la trompe vigoureuse du géant, qui, avec des mugissements