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Page:Uzanne - Contes pour les bibliophiles, 1895.djvu/46

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statations. Il se retourna, Éléonore, qui l’avait suivie était là, son bougeoir à la main.

« Ah ! ah ! suis-je bien vengée, cher monsieur Raoul Guillemard, émule de Sigismond ? Les souris ? l’humidité ? destructeurs beaucoup trop lents ! Nous avons trouvé mieux ! Vous voyez dans ces dentelles en vieux papier, ô mon mari, l’ouvrage des vers, non pas des petits vers communs de notre pays, pauvres travailleurs ; mais de ces vers exotiques si terriblement voraces, qui, jadis amenés par quelque navire, ont, en peu d’années, dévoré les archives de la Rochelle… J’en ai fait venir un certain nombre, et vous pouvez admirer aujourd’hui leur joli travail, Ah ! ah ! que doit dire Sigismond là-haut ? Quels mauvais moments il doit passer à son tour ! J’en mourrai de rire ! ah ! ah ! ah !!!… »

Est-il nécessaire d’ajouter, à l’honneur de Raoul, que, sans hésiter, il se jeta sur l’héritière de Sigismond pour essayer de l’étrangler ! Ô vengeance ! ô rage ! ses doigts se crispèrent ; il serra en grinçant des dents. La force malheureusement lui manqua, le coup avait été trop rude, il tomba sur le tas de reliures vides et s’évanouit, flasque et lamentable ; il était mort, soupirant encore pour le Débat de la gente Pucelle.