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je restais abasourdi par cette surcharge de bibliographie néerlandaise que je n’avais point le temps de classer sur la frêle étagère de ma mémoire.

Il était dit que je n’avais point fini ; nous fîmes une dernière station sur un palier Cantique escalier-galerie » et là, secouant sa barbe de prophète, l’impétueux bibliothécaire m’annonça une incursion dans le domaine lyrique, didactique et dramatique des xvie et xviie siècles. Ce fut alors une dégringolade de livres qui s’écroulèrent sur mon crâne, et je râlais avec la note d’une admiration forcée, à bout d’adjectifs et de qualificatifs pour répondre à son ruissellement d’enthousiasme.

Je dus subir vaillamment cependant l’inspection des plus beaux livres à vignettes de Van Cats, le poète néerlandais, dît le La Fontaine des Pays-Bas, je supportai sans trop de fatigues la vue des œuvres de Marnix, de Koster, de Van der Vondel, de Huygens et de Bilderdijk, mais je ne pus dissimuler l’abandon de mon courage et l’atonie de ma voix devant les in-4o et les in-8o qui contenaient la poésie fleurie des Spiegel, des Rœmer Visseher, et les Woodenboëk de Welland et de Meursius.

Le cher archiviste eut la délicatesse de ne point m’accabler davantage ; il tira sa montre, et d’une voix gaie, marquant l’heure de la récréation : — Assez de bouquins et de poussière ! cria-t-il, allons promener en ville, si vous le voulez bien. »


III


Nous nous dirigeâmes vers le Jardin zoologique. — Van der Boëcken était un guide étonnant par la variété de ses connaissances et la joyeuse humeur qu’il apportait dans ses dissertations historiques et municipales. Avec sa longue barbe flave, sa haute stature, sa large houppelande, son