Page:Uzanne - Contes pour les bibliophiles, 1895.djvu/8

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dérangez les petits papiers de vos bibliographes, vous êtes la couleuvre fugitive de votre propre dossier.

Ici, toutefois, mon excellent camarade, nous serons, je m’en réjouis, à deux pour affronter ce public méthodique et fidèle à ses habitudes ; souhaitons qu’il nous accueille favorablement l’un portant l’autre ; mais, à son nez, à sa barbe ; je tiens à vous dire de nouveau merci, et à vous donner l’accolade de gratitude selon les rites des anciens combattants dans les grands spectacles impériaux.

Maintenant, cher ami, la main dans la main, pénétrons dans l’arène, livrons-nous aux griffes des gens d’esprit, qui ne sont souvent que de simples bonnes bêtes, comme a dit Beaumarchais, mais n’oublions pas qu’il est plus difficile de les émouvoir ou de les exciter que de les dompter.

Au sortir de cette démonstration publique, remontons sur nos galères respectives et cinglons au large ; mais, quelles que soient les rives lointaines ou nous abordions par la suite, croyez, ami très cher, que je conserverai l’impérissable souvenir de cette croisière dans l’archipel de la fantaisie que je viens si fraternellement d’accomplir à vos côtés.

O. U.