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Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/111

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Calprenède, de MUo de Scudéry, de Gomberville, de Sallebrai, d’Honoré d’Urfé et de Mm0 de la Fayette ; l’empire de la galanterie et du bel esprit eust des loys farouches. Il y eust comme un deshonneur à tesmoigner de ses appétits naturels et on se plust à masquer les trivialités de la vie, à desguiser les sen- sations matérielles, à subtiliser sur les expressions trop accentuées, à voiler les idées provocantes, à épurer les termes rabelaisiens de la langue. Les femmes fusrént les premières admises à cette acadé- mie « d’épluchage » et les plus ferventes écosseuses de mots furent ces fameuses « Précieuses » si mal comprises de notre génération.

Ce jargon entortillé, ces poinctes, ces esquivo- ques, ces locutions énigmatiques, ces néologismes bizarres, ces antithèses brillamment oultrées qui firent resvolution, ont plus heureusement arrondy qu’on ne croist les angles rudes de nostre langue qui doit beaucoup de sa grâce, de son moelleux, de sa familière élégance aux cotteries des vraies Pré- cieuses. C’est aux Précieuses esgaleihent que l’on doit aussy cet esprit de conversation qui brilla du- rant deux siècles en France dans toute sa splendeur, sa verve et sa délicatesse ; ce sont elles qui assou- plirent les termes, qui presparèrent notre idiome à toutes les finesses du langage social, qui firent que les relations de l’homme et de la femme purent s’éta- blir sur une sympathie d’esprit et de cœur, en de-