Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/147

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pathétique pour rengager à trouver trente ou qua- rante louis dont on a réellement besoin. On descend ; on s’élance dans une voiture ; on va jeter quelques billets ; on passe de là à un dîner qui conduit jusqu’à quatre heures ; on prend du café ; on badine avec un chien ; on agace un perroquet ; on persifle quelque jolie femme jusqu’au moment de la Comédie ; on y court ; on écrase la populace ; on se place sur le théâtre ; on lorgne tout le monde ; on sort brusque- ment, on va s’enfoncer à l’Opéra, jusqu’à ce qu’il finisse ; ensuite au jeu ou à quelque tête-à-tête ; enfin on soupe. Trois heures sonnent ; on maudit son cocher qui est ivre ou qui n’est pas encore venu, on rentre en jurant ou en chantant ; on prend un bonnet de nuit tout en dentelle et tout fontangé ; on passe une chemise à manchettes à double rang ; on s’aban- donne, tout endormi, à un lit magnifiquement volup- tueux ; Picard tire les rideaux ; Saint-Louis éteint les bougies ; le valet de chambre s’approche, de- mande quelle sera l’heure du réveil. Déjà on dort et on doit dormir ainsi jusqu’à midi, parce que c’est le bon ton. »

La vie de la Caillette coquette n’est-elle pas identiquement la même que celle de ce banal petit- maître ? — Voyons un peu le sémillant Caraccioli, le marquis auteur du Livre.aux quatre couleurs, qui va nous mettre en scène fort gentiment notre héroïne :

« Elle a arrangé toute sa vie avec un art et une