Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/176

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d’être mises en dehors de la tradition orale et con- signées dans le livre. Telle est l’aventure suivante que je vais m’efforcer d’exposer nettement dans les termes exacts où elle me fut contée par un aïeul vénérable et très disert, qui avait vu les derniers jours de la Terreur.

Approchez donc et écoutez :

« Vous connaissez, cela est hors de doute, le fameux Hérault de Séchelles, un des hommes les plus ardents et les plus jeunes de la Convention, qui, après avoir été ci-devant avocat général au Châtelet, sur les instances de la reine Marie-Antoinette, s’em- pressa, en juillet 1789, de se ranger sous l’étendard des patriotes et de montrer, dit-on, un rare cou- rage à la fameuse prise de la Bastille. Séchelles était bien le digne fils de ce colonel du régiment de Rouergue qui se fit tuer à la bataille de Minden, et le rusé petit-fils de René Hérault, ce fougueux en- nemi des Jansénistes, qui a laissé bien des souve- nirs dans l’administration en tant que lieutenant- général de police de Paris. Le jeune conventionnel était né coiffé et possédait tous les moyens de succès et de séduction. Beauté, naissance, esprit, fortune, tels étaient les dons que les bonnes fées avaient mis dans son trousseau. Travailleur opiniâtre, il avait su acquérir par lui-même une éducation de premier ordre et une éloquence aisée, fleurie et chaleureuse. Les électeurs de Paris, qui le choisirent en