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Son Altesse La Femme

sourire de cette ardeur d’égotisme — j’aime ce livre aveuglément entre tous ceux que j’ai conçus, car non seulement il forme la synthèse de mes opuscules divers, mais mieux encore il représente une victoire de la volonté sur l’inertie d’un dégoût qui semblait invincible. — Je l’aime en raison de sa mauvaise venue et du forceps qui a violenté sa mise au jour ; je l’aime pour tous les haut-de-cœur dont j’ai marqué son incubation ; je l’aime et espère en lui pour en avoir sombrement désespéré, pour m’être rendu boudeur à son endroit durant de longs mois, pour l’avoir abandonné, repris, rejeté de nouveau ; je l’aime, en un mot, dans le rayonnement d’idéal où je l’avais placé et d’où j’ai dû le descendre humainement, n’ayant pu le parfaire à mon gré dans sa trinité du visible, du sensible et du spirituel.

J’ai voulu dans cet ouvrage envisager l’histoire psychologique de la femme française, depuis le moyen âge jusqu’à l’heure présente, et, pour défendre cette étude contre la sécheresse de l’érudition et la pédanterie du philologue, pour la faire plus vivante, plus variée, plus originale, plus typique, je me suis efforcé de lui donner différents caractères très précis, selon l’esprit des siècles que je traversais. — Chaque chapitre reflète, pour ainsi dire, l’atmosphère et respire dans l’air ambiant du temps littéraire que j’ai tenté d’évoquer. Dans un même petit cadre étroit, j’ai condensé l’expression d’une époque