Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/220

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femme, cette adorable détraquée, est en out exagératrice et cherche la main qui la pondère et puisse tenir la balance de ses qualités et de ses défauts. — Meilleures ou pires, dit-on, — les meilleures sont toujours les pires, à mon avis, et celles qu’on juge les pires sont souvent les meilleures.

Les femmes que je connus comptent parmi celles-ci ; la galanterie du Directoire ne fut point un perpétuel mensonge de l’amour, un dérèglement de l’esprit, un vice de complexion chez la femme ; elle fut un faible du cœur, une sorte de jeu de l’éprouvette, une mise au corbillon de toutes les qualités des soupirants. Si, parmi celles qui risquèrent leur réputation dans les intrigues, quelques-unes la perdirent quelquefois, d’autres, au contraire, retrouvèrent l’estime la plus entière chez l’amant de leur choix. Pour les sensées, il y eut large compensation. Parmi les vertus qu’on immolait volontiers, la modestie et la pudeur furent mises au premier rang, comme des masques inutiles ; aussi jamais je ne vis plus de logique dans les préliminaires des petites guerres amoureuses ; la femme avait cessé de rougir, prenant superbement son parti du qu’en dira-t-on et l’opinion était indulgente devant ce désarmement général de l’hypocrisie.

J’ai passé les plus belles années de ma jeunesse sous ce « règne des pourris », ainsi nommait-on les Directeurs ; et à cette époque où le luxe, l’amour, le