Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/239

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éclore une branche nouvelle…. Va, sois généreux et noble. Le devoir n’est-il pas là ! »

Le silence était pesant…, la diligence courait dans la plaine ; Juliette embrassait la vénérable dame d’Irly comme pour réchauffer de son affection ce cœur endolori. Florval reprit la conversation ; il avoua n’avoir aucun reproche à adresser à la vie ; son histoire, comme celle des peuples heureux, était sans relief et se traînait dans la banalité de l’aisance. Son père, riche industriel de Nantes, avait su déjouer tous les contre-temps que les terribles guerres de l’Empire avaient imposés au commerce ; fils unique, et par conséquent adoré sans partage, il avait reçu chez ses parents une éducation libérale, très approfondie ; il se destinait à la diplomatie et il se rendait actuellement à Paris pour occuper un poste de second secrétaire d’ambassade qu’il avait obtenu grâce aux plus hautes recommandations.

Ces confidences réciproques amenèrent l’intimité dans le coupé ; on abandonna la lecture et, après le déjeuner, Florval était devenu le cavalier servant de ces dames qu’il parvint à égayer peu à peu. Juliette elle-même paraissait moins timide ; elle se laissait aller à toutes les remarques que lui suggéraient les incidents du voyage, montrant un esprit fin, un peu railleur et une étonnante justesse d’observation. La poussière avait poudré les jolies boucles de ses cheveux collés sur le front et sur les tempes ; la fatigue