Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/267

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champs, et les anciens ne disaient-ils pas : « Tout vient de l’œuf, c’est le berceau du monde ! »



C’est au grand pouls de la nature que l’amour bat aux champs !

La fillette, plus encore peut-être que le petit gars, a été sevrée d’affection. Saluée dès son entrée dans la vie par cette imprécation : Une pisseuse ! Quel gueux de sort ! elle pousse, comme elle peut, sans qu’on y prenne garde, sauvagement. On la voit, la pauvrette, ficelée comme un paquet, presque sordide et morveuse, sur le seuil de la chaumière, manœuvrant dans ses petites pattes humides, noires et potelées le premier ustensile venu qu’elle brandit en hochet, bégayant au soleil de ces mots inarticulés d’enfant dont on ne sait pas faire éclore les paroles une à une, ou vautrée dans la poussière, se livrant à de naïfs ébats dans les pattes d’un jeune chien, doux compagnon d’enfance, qui la bouscule délicatement, la lèche, aboie, s’éloigne en folâtrant, revient joyeux et subit les caresses de ces menottes tremblantes et mal assurées qui le saisissent au museau, aux oreilles, au cou, tandis que le baby grogne presque tendrement, montrant ses petites cuisses à l’air, son visage renversé, rieur, ses lèvres roses couvertes d’une bave de plaisir.