perbes un lambeau de pain de seigle mis en réserve dans son tablier.
C’est au grand pouls de la nature que l’amour bat aux champs !
A douze ou quinze ans le gars abandonne l’école, aide aux travaux, remplace le père à la charrue, fait le binage des vignes, sert à la fenaison et, de l’aube au soleil couché, durcit ses mains à la fatigue. L’âge de la puberté ne l’a point troublé, c’est à peine si la période de mue a eu prise sur lui. — Depuis long- temps, il ne lui reste rien à connaître des sensations amoureuses. Aux heures de repos, pendant la méri- dienne dans la grange, ou la nuit, sur le lit dressé dans l’écurie, à la lueur d’une lanterne fumeuse, une servante Messaline effrontée ou quelque plantureuse fille en journée l’a cyniquement initié aux mystères de la nature, sans qu’il le désirât ou s’en défendît, le tapotant, le prenant de force, faisant éclore avant le temps ses démonstrations d’homme. — Il a conté cela un soir aux parents assemblés autour de la table pour le souper ; la mère, par tempérament jalouse de ses mâles, a grogné entre ses dents : « Oh ! la gueuse ; la rien du tout ! » — Le père, patriarche incontesté, a levé la tête à cette exclamation et, tout en coupant lentement la miche de pain, s’est écrié : — -« Tais- toi, la femme ! pas de jérémiades 1 il n’y a rien de