Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/272

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cassé, ben sûr ; il est bon que l’enfant connaisse ce qu’il doit apprendre tôt ou tard… ; quand il sera en âge d'aller de lui-même à la femelle, il saura au moins comment s’y prendre. Je n’y vois point grand dommage. »

Aller à la femelle ! Là est le terme consacré pour ces rabelaisiens sans métaphore. Aller à la femelle est un honneur, on boit à ces premières virilités. Il y va toujours assez tôt, le gars ! — Ses dix-sept ans ne sont pas révolus, que chaque dimanche, après la soupe, il se rend à la danse du village ; vêtu d’une blouse neuve flottante, aux plis bleus laminés par le fer, avec des soutaches au col et aux épaules, culotté d’un pantalon de drap gris, chaussé de gros souliers bien cirés, la casquette de soie posée sur le côté de sa chevelure luisante de pommade, il part avec un petit écu dans sa poche, plus fier qu’un, compagnon qui fait son tour de France ; il se dan- dine, une fleurette aux dents, en chantonnant, s’il est seul, quelque complainte traînarde comme sa démarche ; en braillant, s’il est en compagnie, des chansons grossières et farceuses apprise ? au café, à la ville, lors de la dernière foire.

L’aubergiste du hameau dirige d’ordinaire la salle de bal, sorte de grange peinte à la chaux vive, avec un banc de bois de chêne à l’entour. Sur une estrade faite de fûts dressés et recouverts de planches, un piston et un violon jouent désespérément.