Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/279

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L’amour est bien parti ; la malheureuse est bien domptée ; dans son esprit écourté, économe, âpre au gain, peu lui importe que son homme soit ivre, qu’il rentre tard, qu’il l’abandonne à sa solitude, à ses travaux. C’est son sort de femme ; mais, ménagère avant tout, elle s’inquiète de l’argent dépensé. Le lendemain de cette gogaille, avant que le soleil soit levé, pendant que le rustre fait entendre ses hoquets d’ivrogne endormi, ses rauques ronflements de gorge sèche, elle se glisse furtivement à bas du lit, et, sans lumière, à tâtons, d’un pas furtif s’empresse de regarder cupidement ce qu’il peut bien rester dans sa bourse de la menue monnaie emportée la veille, après une si copieuse ribote !



C’est au grand pouls de la nature que l’amour bat aux champs !

Quelquefois, — il faut le dire, afin d’apporter un peu de couleur parmi tant de réalités ternes, — on constate des amours simples et touchantes, des églogues poétiques, d’une sentimentalité naïve, des passions d’une sincérité sublime, et dont il faut voir la cause dans des penchants invincibles contrariés par l’avarice des parents. Alors, dans ces âmes sans culture, sans ambitions, sans désirs élevés, il se développe tout à coup un étonnant