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Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/28

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cueur en bouche aux fols ». Disciple de Sylenus et d’Anacréon, il philosophoyt comme Pantagruel, plutost en vin qu’en vain, beuvant voulontiers pour la soif présente, la soif passée et la soif advenir et ne cryant iamais Bastal comme freluquets d’Italie.

De mesme qu’aprez les raisins courent les estour- neaux, nostre Iehan devalloyt touiours vers la grant pinte au cabaret de l’Abreuvoir ou parmy les tavernes de la ville : dès Potron Iacquet ses lèvres appettoient le divin ius d’octobre et ses yeulx estoyent tournés à la friandise. Il ambuloy t à travers les com- pites de l’urbe ainsy qu’ung pou affamé sur teste de savantasse ; sans cesse en pourchas de* quelque estu- diant amy des franches lippées, de quelque mignon capuleur et gouliard encore à ieun, ou qui mieulxest d’ung bon moine ventru, moufflard, cagnard et bra- guard, tous gens de coustume altérez sicut terra sine aqua, en compaignie desquels il se rendoyt vers l’hostellerie la plus prouche et la mieulx achailandée, car iouxte son bon cueur ouvert comme sa bourse, il logeoit d’ordinaire dix aulnes de boyaux vuides pour festoyer ses bons amy s.

A la vesprée, il gambilloyt follement dans les sentes de la ville où Vénus estendoyt ses fiefs, œilla- dant aux cloistrières, folieuses, galloises et autres damoiselles de iubilation, baillant l’accolade aux lévriers d’amour qui monstroient aur le seuil des huy s leurs ceintures tyssues d’or et de soie, se resgaudis-