Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/29

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sant l’esprit de mille sornettes et hustynant sur sa route les gouliafres, casse museaux et franc-gon- tiersquipeuploientles carrefours. — « Ah! se disoyt le paillard, comment se garder de preindre et d’estre preint par le milieu ! Poissons et femmes sont meil- leurs soubs le ventre. Aussy, amys, aymons les putes- créatures, les ialinetons et les linottes coiffées!… » Car, en amour, Manigarole estoyt délicat comme ung esplucheur de chardon et son âme se trouvoit fournie de sentiment comme ung oignon Test de creste.

Iamais il n’estoyt deschassé de plaisir, il se gué- mentoyt auprez de toutes les esquoceresses, les mu- guettant au passaige, depuis Margot la Maigret te ius- qu’à Isabiau la Clopine ou Agnès VEnraigiée. Il falloit le veoir surtout guittariser auprez des courra- tières, qu’il traitoyt comme femmes de gros grain, haultement atournées; se gorgiasant comme ung Roy, sans pour cela vuider ses poches sous forme de paraguante ou de guerdon. Puis, à la nuictée, lors- qu’il quittoyt cette truandaille, il revenoyt à son giste dans les ruelles pleines de noir té, désertes et silen- cieulses, courant à son trou comme ung rat empoi- sonné et faisant falolement fanfare de sa voix en cla- mant quelque chanson dans ce goust :

Quand les petites villotieres Treuvent quelqu’hardy amant Quy veuillent mettre un dyamant