serpentines, à la fois gavroches en jupon et reines en justaucorps.
Je me souviens que Michelet, parlant de nos admirables ouvrières qui montrent tant d’esprit, d’élégance, de dextérité, et qui pour la plupart sont physiquement si distinguées, si fines et délicates, s’écriait avec enthousiasme : « Quelles différences entre elles et les dames des plus hautes classes ? Le pied ? Non. La taille ? Non. — La main seule fait la différence parce que c’est là son unique instrument de travail et de vie. A cela près, la même femme, pour peu qu’on l’habille, c’est Mme la comtesse, autant qu’aucune du noble faubourg. Elle n’a pas le jargon du monde ; elle est bien plus romanesque, plus vive. Qu’un éclair de bonheur lui passe de la tête au cœur, elle éclipsera tout. »
La Parisienne forme une aristocratie parmi les femmes du globe, continua Gérard ; d’où qu’elle sorte, elle n’est jamais entièrement du peuple ; elle ne naît point bourgeoise, elle le devient en se pliant peu à peu aux bourgeoisies maritales. Elle sait peu de chose de ce qui s’apprend, mais elle n’ignore rien de ce qui s’improvise ou se devine. D’une intelligence très fine et très souple, elle s’assimile à tous les milieux avec un tact, une aisance exquise. On a dit de la Parisienne qu’elle avait la légèreté de l’hirondelle et la subtilité d’un parfum : rien n’est plus juste. Elle passe comme un sylphe odorant.