Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/333

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désespérance ? — Il y a dans tout cœur de femme une Mignon regrettant sa patrie.


— Malheur à qui s’abandonne, se livre, esprit, âme et pensée, à la femme aimée ! — Le mystère est le grand secret des passions qui durent. — Malheur à celui qui laisse feuilleter et lire le livre de son cœur et qui permet de découvrir trop aisément les textes de l’amour. La femme est une devineresse qui aime à user ses yeux, à fatiguer son esprit sur les énigmes de l’homme qu’elle adore. Soyez le sphinx ! surchargez les textes de votre caractère ! Embrouillez le grimoire de votre être ! semez les marges de vos pensées de que sais-je ? ou de peut-être ? Constellez-vous de signes mystérieux ! Que le fatalisme de Manfred passe dans vos regards ! Que des désirs pleins d’inconnu bruissent dans vos soupirs ! Les amants généreux, sincères, attendris, simples, ouverts comme un abécédaire, ne tardent pas à lasser ces chercheuses d’insondable, ces cerveaux de Danaïdes en quête d’un vide à combler.

Restez indéchiffrables dans la démonstration folle de vos sentiments à tiroirs cachés ; tour à tour joyeux, rabelaisien et railleur, assourdissez les grelots de votre rire dans les bas-fonds d’une tristesse