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Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/334

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soudaine, tel un nuage sombre.voilant le soleil. Raffineur de scepticisme et distillateur du doute, tenez toujours en éveil l’attention de celle que Montaigne nomme notre ennemie naturelle ; que vos larmes s’éclairent de gaieté aux heures cruelles, que votre gaieté s’assombrisse d’inquiétude aux instants où votre bonheur allègre chante les beautés, les grâces et la fidélité de la bien-aimée.

Montrez-vous plus multiple, plus sarcasti- que, plus sorcier que le Diable ; qu’à chaque mi- nute ceci tue cela, et devant cet amant Protée, la tant gracieuse amante s’agenouillera, vous épiant la pensée comme Œdipe sondant le Sphinx, vous veillant le cœur comme on veille un malade. Son es- prit sera en vous, vivra en vous, n’espérera qu’en vous… vous trompera peut-être avec vous-même, et, de loin ou de près, sa ténacité curieuse crochètera votre impénétrabilité avec une ardeur sans cesse croissante et jamais assouvie.

Il faut toujours que dans son amant, comme au bas d’un feuilleton compliqué, une femme puisse lire avec angoisse et anxiété : la suite au prochain numéro.

— Une fille peut être en apparence pervertie jus- ques aux moelles ; elle peut avoir connu le vice et les