contient tant d’étrangetés, de candeur inquiète, de tristesse momentanée, tant de rêves indécis, tant d’espérances dorées, de rayons chevaleresques et d’ambitions exquises. Il y a dans un cœur de jeune fille toute l’harmonie bleue d’une aurore de prin- temps, ces brumes lactées qui voilent l’horizon, ce calme bienfaisant du matin, que trouble à peine un chant d’alouette, cette fraîcheur de rosée qui fait évaporer l’âme des fleurs, ces frissons légers d’in- connu qui saisissent ceux qui envisagent la destinée d’un jour à son début. Qui nous donnera jamais cette poésie divine et immaculée de la virginité ? — Qui nous peindra cette blanche apparition de pudeur et d’amour ? — Le brave Favart a fak murmurer jadis à sa petite muse friponne et sautillante les jolies rimailles suivantes :
Un cœur tout neuf
Est comme un œuf Que l’amour couvre de son aile,
En Tanimant
Tout doucement Par une chaleur naturelle.
Un temps viendra
Qu’il éclora, Ce joli petit cœur de fille Comme un petit oiseau qui sort de sa coquille.
Est-il beaucoup d’époux qui sachent encore cou- ver cet œuf mignon dans ce vilain siècle affairé où