Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/347

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soit aussi le coupeur ; il faut que l’amoureux qui initie la jeune fille et, la fait mère soit aussi celui qui la cueillera dans l’effervescence de sa maturité, qui la prendra dans sa force et récoltera les beaux fruits d’amour dont il aura surveillé la croissance avec un œil jaloux. Combien peu d’hommes savent coloniser au pays de Cythère ! La plupart, pour avoir défriché le terrain, pensent avoir conquis des droits indiscutables de propriété. Fatale erreur qui crée les bagnes du mariage. Une pauvre délaissée exprimait avec tristesse cette opinion trop justifiée : « Nous autres femmes, .on ne nous regarde que comme un parterre ; nous n’avons de saisons -que le printemps. » — Plaignons ceux qui ne songent pas à moissonner le plaisir dans la pleine fruition des superbes étés de la femme !

— Dans notre littérature moderne affreusement pimentée, qui cherche le faisandé du scandale, on a méconnu la jeune fille, cette créature délicieusement fugitive qui présente les contours et la coloration vague et troublante d’un pastel inachevé. On néglige par impuissance, par manque de légèreté et de délicatesse l’étude de cette âme en éveil ; il semble qu’on ne lise rien dans cette préface de la femme qui