luy, est plus noblement hardy ; sa qualité de « méridional » luy permet d’arborer « l’aile de corbeau » de sa gente mie et de nous laisser à son subjet un des plus délicieux sonnets qui existent dans notre poësie chastement éroticque :
Je l’ayme bien pour ce qu’elle a les yeux
Et les sourcils de couleur toute noire,
Le teint de rose et l’estomac d’yvoire,
L’haleine doulce et le col gracieux.
Je l’ayme bien pour son front spacieux
Où l’amour tient le siège de sa gloire,
Pour sa féconde et sa riche mémoire,
Et son esprit plus qu’aultre industrieux.
Je l’ayme bien pour ce qu’elle est humaine,
Pour ce qu’elle est de sçavoir toute pleine
Et que son cueur d’avarice n’est poingt.
Mais qui me fait l’aymer d’une amour telle,
C’est pour autant qu’elle me tient bien en poinct
Et que je dors quand je veux avecqu’elle.
En despit de ces exemples, la Mie du Poëte, le type mesme de cette maistresse bercée dans des stances, caressée dans les sonnets, glorifiée dans les odes, lutinée dans les rondeaux, restera toujours aux yeux ou plutost dans l’imagination des érudits une absolue beauté blonde, de mesme qu’elle nous apparoistra toujours jeunette, pucelette, verdelette, jouvencelle de quinze à vingt ans, d’une fraischeur