Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/90

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Pernette du Guillet, de Clémence de Bourges, de Claudine, Sy bille et Jeanne Sève, toutes l’ornement de la cité de Lyon, la fervente amoureuse du fougueux Olivier de Magny, dont on vient d’apprendre à cognoistre la verve éroticque, la charmante Louyse Labé ne desdaignoit pas, elle aussy, de respondre aux Baisers par des Baisers plus ardens encore. Voicy une invitation aux tendres esbatz sous forme de sonnet qui est la perfection mesme :

Baise m’encor, rebaise-moy et baise ;
Donne-m’en un de tes plus savoureux ;
Donne-m’en un de tes plus amoureux,
Je t’en rendray quatre plus chauds que braize.

Las ! te plains-tu ? ça, que ce mal s’apaise,
En t’en donnant dix aultres doulcereux.
Ainsy, meslans nos baisers, tant heureux
Jouissons nous l’un de l’aultre à notre ayse.

Lors double vie à chascun s’ensuyvra,
Chascun en soy et son amy vivra.
Permets, m’amour, penser quelque folie ;

Tousjours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moy ne fais quelque saillie.


Amadis Jamyn ne se contourne poinct l’esprit davantaige, il est de Tescole des maniéristes ; aussy feint-il de veoir ses yeux enjalousés, lorsque ses lèvres con-