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Page:Véga - Les présences invisibles, 1932.djvu/110

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et dans l’esprit du Sauveur ! Comment ne croirions-nous pas qu’ils vivent avec Jésus, qu’ils vivent avec nous !

Et certains incrédules nous reprochent, à nous croyants, d’aimer la mort, de mépriser la vie ! J’en appelle à vos souvenirs, j’en atteste les paroles et les lettres de ces victimes volontaires. N’aimaient-ils pas la vie avec toute l’ardeur de leur belle jeunesse ou de leur noble maturité, les combattants héroïques qui s’offraient si généreusement à tous les dangers ? Ils se sont immolés cependant, parce qu’à leur existence passagère ils ont préféré celle de leur pays, parce qu’ils ont cru aux vérités éternelles.

Quelqu’un s’imagine-t-il que ceux qui, pouvant se mettre à l’abri, ne le faisaient pas pour ne point exposer à leur place leurs camarades, pour ne point se séparer d’eux, ou pour les arracher au péril, ignoraient l’étendue de leur sacrifice ? L’âme en eux l’a emporté sur le corps, l’amour sur l’égoïsme ; l’immortel a vaincu le mortel : « Ils ont donné en pleine connaissance et en pleine liberté le démenti à la mort[1]. »

  1. Lettre du capitaine Augustin Cochin (4 mars 1915).