L’année approche enfin de son heure dernière ;
Le soir vient ; j’ai rangé la chambre où le feu luit,
Mais la porte est ouverte et sur le seuil de pierre
S’allonge l’ombre de la nuit.
Vous rassemblerez-vous autour de ma lumière,
Ô vous vers lesquels mon cœur fuit ?
J’ai peur ; le vent de mer gémit dans la ramure
Des pâles oliviers, des pins et des cyprès ;
En moi saigne toujours la profonde blessure
Des remords et des vains regrets.
Parlez ; que votre voix céleste me rassure,
Vous qui savez tous les secrets.
Je vous ouvre mon âme ainsi que ma demeure :
Rien n’est voilé pour vous, amis ; rien n’est fermé,
Ne m’abandonnez pas en ce jour, à cette heure,
Où, sous l’effort accoutumé,
Découragé, le plus vaillant faiblit et pleure,
Lorsqu’il ne se sent-pas aimé.