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Page:Véga - Les présences invisibles, 1932.djvu/153

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les immortelles amitiés

POUR LA SAINT-SYLVESTRE


L’année approche enfin de son heure dernière ;
Le soir vient ; j’ai rangé la chambre où le feu luit,
Mais la porte est ouverte et sur le seuil de pierre
          S’allonge l’ombre de la nuit.
Vous rassemblerez-vous autour de ma lumière,
          Ô vous vers lesquels mon cœur fuit ?

J’ai peur ; le vent de mer gémit dans la ramure
Des pâles oliviers, des pins et des cyprès ;
En moi saigne toujours la profonde blessure
          Des remords et des vains regrets.
Parlez ; que votre voix céleste me rassure,
          Vous qui savez tous les secrets.

Je vous ouvre mon âme ainsi que ma demeure :
Rien n’est voilé pour vous, amis ; rien n’est fermé,
Ne m’abandonnez pas en ce jour, à cette heure,
          Où, sous l’effort accoutumé,
Découragé, le plus vaillant faiblit et pleure,
          Lorsqu’il ne se sent-pas aimé.