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Page:Véga - Les présences invisibles, 1932.djvu/154

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Voici sous vos portraits, dans une coupe claire,
Violettes de pourpre et narcisses de miel,
Œillets légers parés d’un brin de capillaire :
           Voici pour vous l’essentiel,
Mon amour… car mes fleurs peuvent-elles vous plaire,
Vous qui cueillez les fleurs du ciel ?

Mais quoi !… Vous êtes là déjà ; je vous devine…
Vers ma douleur déjà, vous vous êtes penchés,
Vous m’entourez comme une influence divine…
          Lentement, vous vous approchez :
Sur le sommeil d’un fils, la mère ainsi s’incline,
          Attentive à ses pleurs cachés.

Vous êtes là, présence invisible et vivante,
Et mon cœur se réchauffe à vous sentir si près.
Qu’importe maintenant qu’il neige, pleuve, ou vente,
           Que gémissent les noirs cyprès ?
Vous avez entendu ma prière fervente,
           Vous avez vu que je pleurais.

Amis, l’amour est fort et jamais il n’oublie ;
L’ardente foi, de l’apparence et des instants
A triomphé. Quelqu’un répond quand je supplie ;
          Ce n’est pas en vain que j’attends,
Et rien n’a pu briser la chaîne qui nous lie
          Par delà l’espace et de temps.