Page:Vénus en rut, 1880.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
VÉNUS EN RUT


prix, aurait prêté à mon amant mille ouvertures pour une.

L’abbé reçut des lettres qui l’appelaient en Italie, il me les communiqua avec douleur ; je lui répondis que, puisqu’il partait, rien ne me retenait à Avignon, et que j’en sortirais le même jour que lui : il fut sensible à mon procédé.

— Puisque nous nous séparons par un destin contraire, il faudrait, me dit-il, sarmante Rosine, faire quelque folie avant de nous quitter ; vous n’avez rien à ménazer ici, zai trois amis intimes ; zeunes, beaux hommes, vigoureux, polis, vous êtes plus forte que quatre, voulez-vous que ze leur donne à souper sez vous, et nous passerons une nuit délicieuse.

— Ah ! l’abbé, l’abbé, quelle horreur !

— Zentillesse, dites donc.

Après y avoir un peu réfléchi :

— Je ne veux pas me brouiller avec vous, lui dis-je, faites ce qui vous plaira.

Il me présenta le comte d’Olban, le chevalier de Granville et le marquis de Valsain. Ces messieurs furent très honnêtes jusqu’au moment choisi. Après souper je fus étonnée de trouver Fanchette et Honoré qui enlevaient, par ordre de l’abbé, les matelas de mon lit et en faisaient une pyramide au milieu de la chambre.

— Quoi, c’est là, messieurs, où on veut sacrifier la victime ?