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VÉNUS EN RUT


amies : on polissonne ; chacune de nous passe alternativement sur les genoux de ces messieurs ; nous sommes touchées, patinées : nous rendons ce qu’on nous donne, mais rien de décisif avant le dîner ; c’était la règle, elle n’avait pas mon suffrage, car dans les six champions j’avais distingué Mondor et Richeville, j’enrageai de ne me pas livrer à eux.

Des domestiques fidèles nous servirent un dîner de campagne, mais dîner exquis ; Cloris et Sophie furent d’une gaieté qui ne put tenir contre la mienne ; les amis avouèrent qu’ils me devaient beaucoup, pour ma complaisance d’augmenter leurs plaisirs, avec autant de soin, à une première vue.

Après le café je ne voyais rien encore qui annonçât la luxure, lorsque la porte d’un cabinet de glaces s’ouvrit, et qu’une femme de chambre se présenta pour nous déshabiller. Ce joli réduit, plus grand qu’un boudoir ordinaire, est entouré d’un lit à la turque qui laisse, entre lui et le mur, une distance d’un pied ; ce mur est couvert de glaces galamment peintes, en quelques endroits ; cet intervalle est pratiqué afin qu’on puisse tourner autour et former des groupes. Le matelas de ce lit, peu élevé, était de satin puce. Il y avait, au milieu de la pièce, une sorte de toilette, basse aussi, pour ne pas borner le coup d’œil des acteurs : sur cet autel de la sensualité