Page:Vénus en rut, 1880.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
VÉNUS EN RUT

— Refuser… est-ce que je n’ai pas été poli ?

— Encore cette petite fois, pour la contenter.

— Volontiers, si je puis.

Bertrand put, mais mollement ; et il fut, quoi ? boire un coup.

Cependant j’étais si animée, que je ne quittais pas la place ; et, ne sachant que faire pour me calmer, j’avoue aux nations que je me branlai.

— Sacrédié, s’écria Bertrand, j’ai bien vu des femmes, mais pas de ce calibre.

— Qu’appelles-tu calibre ? lui dit Fanchette en colère, tu es un animal.

— Tout ce que tu voudras, pourvu que tu me laisse reprendre haleine. Je plains cette belle dame de n’être pas contente, en province, de ce qui aurait amusé la plus jolie femme de Paris ; mais j’y sais un remède, écoute. Je suis ici avec un camarade qui me vaut, à tous égards ; je lui ai promis de l’aller prendre au billard devant lequel je t’ai rencontrée ; envoie cette manière de jockey lui dire que j’ai besoin de lui, tout de suite : le grivois croira qu’il s’agit d’un coup de lame, il courra comme à la noce.

Honoré se serait bien passé de cette commission ; il la fit si bien, qu’il amena son homme.

— Madame, me dit Bertrand, j’ai l’honneur de vous présenter mon ami Bellepointe, brave garçon dans les combats, au lit et à table. Camarade, tu ignores ce qui te conduit ici ; j’y suis en