libertins de Paris. Il fallait avoir fait ses preuves
pour être admis à mon lycée voluptueux : bientôt
ma réputation s’étendit ; les hommes ne voulurent
plus que des filles formées chez moi, et
les femmes, que des amants qui eussent fait un
cours sous ma dictée.
L’honneur qu’on me faisait de me croire capable d’ajouter à la nature les recherches de l’art, me valut la gloire de donner des leçons aux deux sexes. Un jour le chevalier de Mercœur nous dit qu’il était amoureux d’une jolie paysanne, qui avait son pucelage, mais qu’elle n’entendait rien à la manière de le perdre, ni lui à celle de le prendre ; il craignait, à mourir, tout ce qui sent la peine, la contrainte, la fatigue. Notre société résolut, sur son exposé, qu’il enlèverait la petite et me l’enverrait pour quelques jours ; il fit mieux, il me l’amena.
Je vis une charmante fille, à qui il recommanda, si elle voulait qu’il fût heureux par elle, de se soumettre à tout ce que je prescrirais pour le mieux. Je n’eus pas de peine à gagner la confiance de l’adolescente ; ce qu’elle voyait en estampes, tableaux, reliefs, chez moi ; ce qu’elle entendait, échauffait son imagination déjà très susceptible : j’eus, avec elle, une conversation sur les talents qu’une femme du monde doit acquérir, pour plaire, et être toujours nouvelle : pressée par le chevalier d’avancer sa jouissance,