petite Fanchette, la retourne, la renverse sur
mon ottomane, et lui donne le fouet, avec ces
verges peu dangereuses : il y mit tant de gentillesse,
il baisa si joliment la mappemonde
colorée, qu’il n’avait fait qu’effleurer, que Fanchette
ne savait si elle devait rire ou se fâcher :
elle se décida pour le premier parti, quand
Florival lui donna un double louis, pour se
souvenir du fouetteur. La retraite fixée, ces
messieurs prirent congé ; j’entendis alors le bruit
si flatteur pour l’oreille d’une femme galante,
celui de l’or qu’ils glissaient sur ma toilette ; j’en
approchai, et leur dis :
— De grâce, reprenez ce cadeau ; madame de Bellefontaine se donnera toujours à ses amis ; c’est à ceux qui ne le sont pas qu’elle permettra de lui offrir ; le plus précieux avantage de l’aisance est de ne point vendre ses faveurs.
Je les forçai de reprendre leur généreuse offrande ; ils en furent touchés, et me promirent de se venger, par quelque présent qui ménagerait ma délicatesse.
Je vis que je ne pouvais m’empêcher de me répandre et de faire de nouvelles connaissances, ou de renouer avec les anciennes ; je rappelai plusieurs de mes adorateurs ; je me liai avec quelques femmes, la galante Chloé, la voluptueuse Cydalise, l’infatigable Dorimène ; je donnai des soupers délicieux ; j’eus la crème des