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VÉNUS EN RUT


Cette antique douairière avait chez elle un grand pharaon : les trois ordres, réunis autour de son tapis fatidique, plus attachés à suivre les variations de la fortune qu’à rendre hommage à quelques jolies femmes qui formaient la bordure, étaient cependant tirés, parfois, de leur léthargie par des appels ou des emprunts ; je ne voulais emprunter que ce que j’étais sûre de rendre avec avantage, et je n’étais inquiète que du choix ; car j’avais à mes ordres quatre élégants qui n’attendaient que le jour de mon caprice. Je me décidai pour le vicomte de Fortelance ; c’était précisément celui à qui en voulait la maîtresse de la maison ; et je crus devoir me venger de la perte que je venais de faire dans son illustre tripot, en lui enlevant un amant qui lui aurait fait tourner, sans profit, le peu de cervelle qui lui restait.

Je te dois, Folleville, le portrait de la marquise ; elle est vieille comme le temps, laide comme l’avarice, plate comme l’adulation ; elle a peau de chien marin, taille de manche à balai ; bouche doublement mignonne, c’est-à-dire grande comme deux ; son caractère est assorti ; elle conduisit au tombeau, par ses vues, un mari galant homme ; elle enfunesta sa vie. Je reviens.

Il était deux heures, je me levai ; le vicomte s’étant aperçu que je ne pontais plus, me