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VÉNUS EN RUT


demanda poliment pourquoi. Je lui répondis, chantant à demi-voix :

— J’ai tout perdu, je n’ai plus rien, etc.

Il m’offrit sa bourse ; je le remerciai ; je lui dis que je n’empruntais jamais, que je n’en aimais pas moins à prendre ma revanche ; que je ne lui demandais qu’un plaisir, celui de m’accompagner chez moi, où je voulais aller prendre de l’or : on parlait de voleurs, mon prétexte n’étant pas maladroit, ils avaient arrêté plusieurs voitures, je pouvais avoir peur. Le vicomte accepta, après s’être plaint de mon refus obstiné. Nous partons, nous arrivons ; à peine assise, je lui dis qu’il faisait si chaud chez la marquise, que j’y avais pris un mal de tête assez fort pour n’y pas retourner, et que le plus prudent était de rester chez moi ; il fut de mon avis et me demanda permission de rester une demi-heure, pour être certain que ma migraine n’aurait pas de suite.

Je ne te dirai point par quelles nuances nous passâmes pour arriver à satisfaire nos doubles désirs, tu sais la marche de ces aventures ; il te suffit d’apprendre que mon Fortelance coucha tout uniment avec moi, et que, si je n’eus pas un pucelage à lui offrir, je lui fis sentir tous les avantages de l’expérience, et le forçai d’avouer qu’il n’avait point eu de femme aussi variée dans ses attitudes, ses propos, ses