sa vie. On entraîne son esprit à de longs et réguliers travaux ; mais il faut reconnaître qu’on n’entraîne jamais un organe à un surcroît d’action et de fatigue sans affaiblir, et quelquefois même sans paralyser la puissance d’autres organes non moins importants à cet équilibre de nos fonctions qui constitue la santé. Ceux qui prétendent en même temps se livrer aux travaux de l’esprit, surexciter leur estomac par de nombreux et copieux repas, et user sans relâche, sans modération de tous les priviléges de la jeunesse, brûlent vite, pour ainsi dire, le bois de la vie, s’exposent à une vieillesse prématurée, à une fin douloureuse, et se mettent sûrement à l’abri de la longévité.
Il y a pour l’homme un concert d’habitudes, un choix d’aliments qui exercent sur la santé, comme sur la maladie, une grande influence curieuse à étudier.
Il faut s’observer, se connaître soi-même, et avec l’observation et l’appréciation de ses goûts et de ses forces, on devient son propre médecin.
Il existe, toutefois, pour notre nourriture de tous les jours, des préjugés qui, pour certains esprits, parlent plus haut que les faits. Il y a, par exemple, des gens qui regardent l’asperge comme le légume le plus bienfaisant : l’asperge n’est point un aliment ; c’est un médicament, médicament utile ou nuisible. M. Guersant, qui fut mon maître aux Enfants-Malades, me disait que toutes les fois qu’il mangeait des asperges, il avait la nuit un accès de fièvre. Que d’erreurs, que d’idées fausses, que d’usages pernicieux à dénoncer et à combattre dans nos habitudes de cuisine et de table !
Nous avons emprunté aux Anglais l’usage du poisson