Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/171

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lière ; M. Palissot, sur Corneille et sur Voltaire ; Champfort, sur La Fontaine ; La Harpe, sur Racine.

Chénier, qui avait eu sans doute à se plaindre de La Harpe, blâme hautement l’extrême rigueur que La Harpe se croyait en droit d’exercer contre la plupart de ses contemporains et surtout contre ses rivaux.

À propos de l’art oratoire, Chénier se plaît à poser des couronnes sur la tête de Mirabeau, du cardinal Maury, de Cazalès, de Chapelier, de Barnave, de Regnauld de Saint-Jean d’Angély, de Thouret, de Tronchet, de Target, de Merlin et de Treilhard.

Dans ce rapport, on ne craint pas de considérer le plan d’instruction publique de M. de Talleyrand comme un monument de la gloire littéraire.

Parmi les membres des assemblées qui suivirent la Constituante, Chénier distingue le profond Condorcet, Daunou, Vergniaud, Français de Nantes, Boissy d’Anglas, renommé par sa présidence, Garaf, Portalis et Siméon.

Chénier, face à face avec l’empereur qui présidait, admire ces belles proclamations, où le vainqueur de Lodi et d’Arcole, en même temps qu’il créait un nouvel art de la guerre, créa l’éloquence militaire dont il resta le modèle.

Ces proclamations, dit Chénier, du sein de la victoire même, ordonnaient encore la victoire et communiquaient l’héroïsme.

On s’étonne un peu d’entendre Chénier louer, sans transition, l’éloquence académique à côté de l’éloquence militaire.