Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/227

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Lesage, lui aussi, écrivit beaucoup de vaudevilles pour le théâtre de la Foire ; mais ce ne fut qu’à la fin de sa vie, attablé au cabaret et chez les distillateurs du temps, qu’il se gaspilla en vaudevilles ; il avait commencé par Turcaret.

Par justice autant que par un mouvement de cœur, j’ai tenu à mettre mon ami Merle à sa place, et à le détacher avec relief de tous ceux qui l’entouraient.

M. Alfred Nettement, dans une Histoire de la littérature française sous la restauration, résume ainsi la littérature des écrivains sous l’empire : « Le courage des écrivains, dans ce temps, consistait plus dans ce qu’ils ne disaient pas que dans ce qu’ils disaient. »

M. de Chateaubriand prouve autrement que par le silence sa fidélité à ses convictions. Chargé d’affaires dans le Valais, il donne sa démission le lendemain de l’exécution du duc d’Enghien. Il s’embarque volontairement le 14 juillet 1806, et rentre en France le 5 mars 1807. Ses voyages en Orient lui inspirèrent l’Itinéraire à Jérusalem et les Martyrs, qui furent publiés en 1809. En 1811, M. de Chateaubriand n’en fut pas moins nommé membre de l’Académie française en remplacement de Marie-Joseph Chénier. Le discours de réception de M. de Chateaubriand fut alors tout un événement ; dans ce discours, il foudroyait de son éloquence le régicide ; ce discours fut repoussé par la commission de l’Académie ; l’empereur tint à le lire, et y fit plus d’une rature. Chateaubriand ne consentit à aucun changement, et il ne reprit même la plume que pour écrire,