Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/263

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lice, parce qu’elle voit trop juste et qu’elle s’exprime d’une façon trop ingenieuse. Elle excelle à démêler l’intérêt des actions, le jeu des caractères, enfin la probabilité de toutes choses ; elle est charmante dans l’intimité, pleine de douceur, d’abandon, de bon sens et de gaieté ; elle trouvera des ennemis parmi les sottes gens, et des amis parmi les hommes distingués. »

Madame Ancelot a écrit, et l’auteur de Marie compte des succès populaires et durables, qu’un théâtre ingrat cherche en vain à faire oublier.

Plusieurs assidus du salon de madame Ancelot ont disparu de ce monde et méritent une place dans ces souvenirs du temps passé.

Parceval de Grandmaison appartenait à cette société lettrée, élégante et polie, de la fin du dernier siècle. Dans la guerre des classiques et des romantiques, il soutint le choc comme classique, sans céder d’un hémistiche.

Moins oublié, Soumet tenait en poésie, par son âge et par son talent, une assez grande place entre la viellesse classique du bon Parceval et la jeunesse turbulente et pleine d’audace du jeune Victor Hugo. D’une nature élevée, Soumet avait la justesse de l’expression, la pureté de la forme, et cette mélancolie tendre et rêveuse qui faisait alors adorer Chénier ; étranger à toute intrigue, oublieux de tous ses intérêts, il vivait dans la retraite.

Soumet était de l’Académie. Sa voix fut plus d’une fois sollicitée par plusieurs candidats pour une seule place vacante : souvent il comptait des candidats pour amis ; mais souvent aussi les titres de ses amis étaient