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chœurs, des strophes, des antistrophes, et, quand notre œuvre sera achevée, nous la ferons représenter aux fêtes prochaines. »

Cette scène de l’antiquité est une scène de l’histoire moderne : le philosophe célèbre, c’était M. Cousin ; le musicien imberbe, c’était Halévy ; le jeune poète, c’était Loyson, dont la mort inattendue vint renverser tous ces charmants projets faits à table devant les dieux.

Je puis même dire quel était le sujet choisi par M. Cousin ; c’était un sujet musical rempli d’opposition de couleurs diverses ; ce sujet, c’était le conte de Marmontel, les Trois flacons.

Un autre poète, aujourd’hui membre de l’Académie française, et qui sait sur le bout du doigt son théâtre grec, M. Patin, écrivit pour Halévy un poème d’opéra en un acte, Pygmalion.

Tout cela se passait avant qu’Halévy fût parti pour Rome ; il composa la musique de Pygmalion à la villa Médicis, devant ces monuments de la ville éternelle, errant dans le Vatican et demandant des inspirations à ces chefs-d’œuvre, à ces témoins sacrés de l’art antique qui peuplent les musées de Rome.

L’opéra de Pygmalion fut même exécuté à grand orchestre ; madame Damoreau chantait le rôle de Galathée, Adolphe Nourrit celui de Pygmalion ; Dabadie s’était chargé du rôle d’un troisième personnage. Halévy avait fait répéter les chœurs, Habeneck conduisait l’orchestre ; cette exécution ne se faisait que devant un jury, ce n’était qu’une audition. La direction, représentée par MM. Habeneck et Dubois, vint annoncer au jeune