Depuis le Stabat Mater, Rossini a été perdu pour l’art et pour les jouissances musicales du monde entier.
Rossini rit aujourd’hui comme un bon bourgeois retiré ; il a quitté Bologne pour Florence ; il a épousé, comme on le sait, depuis plusieurs années, mademoiselle Olympe Pélissier, qui n’appelle jamais son mari que mon immortel. Rossini vit très-honorablement à Florence. Sa maison se compose de onze domestiques et de trois femmes au service de madame. Il y a voiture du matin, voiture du soir et voiture découverte, toutes trois destinées au service de madame Rossini. Le maestro fait ses affaires et ses visites à pied, le parapluie sous le bras. Chaque année, Rossini va prendre les eaux à Monte-Catini, moins pour lui, dit-il, que pour son chien ; le reste de l’été, il le passe dans sa villa del Dante, qui se trouve située au milieu d’un des plus beaux panoramas des environs de Florence.
Le maestro entoure d’une affection pleine de complaisance l’archevêque de Florence, Minucci, mélomane qui chante aussi bien le buffa que le seria ; ce mélomane mitré ne se met jamais à son piano sans avoir près de lui une tasse de bouillon froid ; il prétend que le bouillon froid lui rend la voix plus haute. Rossini l’accompagne et lui prodigue ses conseils. L’archevêque de Florence a quatre-vingt-sept ans. On voit que Rossini aime toujours à faire des élèves.
Rossini vient d’acheter un palais magnifique, le palais Pucci, qui lui coûtera quatre cent mille francs ; il alloue en outre une somme de cinquante mille francs pour meubler l’appartement particulier de sa pauvre femme ; c’est ainsi qu’il l’appelle.