Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/327

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et des amis mécontents qui entourent et inquiètent tout gouvernement nouveau ; de plus, toutes les puissances de l’Europe étaient réunies au congrès de Vienne, lorsqu’on apprit soudainement que Napoléon avait quitté l’ile d’Elbe, qu’il avait débarqué le 1er mars au golfe Juan, et qu’il s’avançait sur Paris, rapidement et d’une marche presque triomphale, pour y rétablir l’empire.

Il y a nécessité de suspendre, pour un moment, l’exposé précis, sincère, du rôle important que joua M. Guizot pendant les premiers temps de la restauration. J’ai à consigner des faits encore peu connus et qui exercèrent sans doute une grande influence sur l’esprit de Napoléon rentrant en France avec une poignée de soldats pour reprendre son trône et sa couronne.

Il est aujourd’hui certain qu’au congrès de Vienne, les grandes puissances de l’Europe, l’Angleterre, l’Autriche, la France, la Prusse et la Russie, étaient loin d’être aussi d’accord qu’on devait le penser. M. de Metternich, qui, en 1814, avait été jusqu’au dernier moment plus favorable que contraire à l’empereur Napoléon, conservait une grande méfiance contre la Russie, dont il craignait déjà la prépondérance sur l’Europe continentale ; M. de Metternich disait à un homme d’État, en parlant de l’empereur Napoléon : « C’était un esprit puissant, plus remarquable encore quand il traitait les grandes questions sociales que lorsqu’il parlait de guerre ; quel malheur qu’il n’ait pas eu plus de confiance en moi ! nous nous serions entendus facilement ; il serait mort sur le trône, entouré de grandeurs, et moi, j’aurais eu quelques reflets de sa gloire. »

M. de Metternich n’avait pas de penchant pour le sys-