Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/93

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Je suis surpris qu’au lit de mort des malades il ne se commette pas plus d’extorsions de tous genres ; les soins empressés excitent chez l’homme affaibli des mouvements de reconnaissance disproportionnés avec les services rendus. Chez l’homme malade, le jugement et la raison perdent de leur empire, et la résistance morale s’affaiblit. C’est ainsi que les familles sont souvent dépossédées par les manèges persévérants des coureurs d’héritages.

La muse comique a mis en scène une esquisse de ces personnages. Colin d’Harleville a peint l’habileté de madame Evrard à suborner l’esprit affaibli du célibataire Dubriage, à réveiller, même avec modestie, les sens endormis du vieillard, à éloigner de lui toute sa famille pour s’emparer de son bien.

Les coureurs d’héritages ne prennent pas tous, comme Tartufe, le masque de la religion ; il leur suffit d’être toujours présents, d’être aux petits soins ; il leur suffit de prendre le masque d’une vive amitié et d’une sincère tendresse.

Je lis beaucoup de journaux de médecine ; on écrit beaucoup et peut-être trop on médecine. Je lis les comptes rendus de l’Académie impériale de médecine, de la Société de chirurgie de Paris, de la Société médico-pratique de Paris, de la Société médicale des hôpitaux de Paris, de la Société médicale d’émulation de Paris, des Sociétés médicales des arrondissements de Paris, et j’assiste ainsi de loin à tous les mouvements de la science.

Les fréquentes communications des médecins et des chirurgiens entre eux sont une des plus heureuses in-