Page:Vésinier - Histoire de la Commune de Paris.djvu/47

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Monsieur Thiers et ses collègues savaient mieux que personne que les canons qu’ils réclamaient appartenaient à la garde nationale, qu’ils avaient été, comme nous l’avons déjà dit, fabriqués avec les souscriptions de cette dernière, et qu’il ne pouvait par conséquent y avoir appropriation au préjudice de l’Etat, ainsi que le prétendait faussement le gouvernement. S’il y avait eu détournement, il n’aurait eu lieu qu’au préjudice de certains bataillons de la garde nationale, qui pouvaient avoir le droit de réclamer les canons leur appartenant.

Mais le gouvernement ne pouvait ignorer que les gardes nationaux de Montmartre, ainsi que tous leurs collègues détenteurs des canons, avaient publié des affiches et des articles de journaux dans lesquels ils offraient de restituer les canons aux bataillons qui viendraient en réclamer la propriété.

M. Thiers n’ignorait pas non plus la manière inoffensive dont ces canons étaient parqués et gardés, et les intentions toutes pacifiques de ceux qui les avaient en leur pouvoir. Il savait aussi que si le gouvernement avait la patience et la sagesse d’attendre quelques jours, de laisser se calmer l’irritation que le siège, les préliminaires de la paix et l’entrée des Prussiens dans Paris avaient occasionnés, les gardes nationaux ne persisteraient probablement pas à garder leurs canons, et qu’ils seraient, ainsi que beaucoup l’étaient déjà, disposés à les remettre à un